Uppercut dans l’accès à la culture : le gouvernement nous prive-t-il de nos droits ?
Article 27 et ses partenaires ont rédigé une carte blanche pour sensibiliser l’opinion publique et les décideurs politiques aux enjeux de la démocratisation culturelle.
Publiée sur le site du journal Le Soir ce [date], cette carte blanche vise à rassembler le plus grand nombre d’associations et de structures signataires.
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La carte blanche
Uppercut dans l’accès à la culture : le gouvernement nous prive-t-il de nos droits ?
Depuis la mise en place de la coalition Arizona au début de cette année 2025, le monde associatif, entre autres, encaisse coup sur coup.
Le secteur social est démoralisé par des réformes qui fragilisent à la fois ses publics et ses travailleuses et travailleurs. Le secteur culturel, lui, est relégué au rang de luxe dispensable, discrédité dans ses missions.
L’ensemble du milieu associatif avance sur un fil, tel un funambule condamné à l’équilibre instable, redoutant la prochaine réforme ou la suppression d’un nouveau financement qui précipiterait sa chute. Une insécurité permanente qui n’épuise pas seulement les travailleuses et travailleurs, mais qui touche surtout celles et ceux qui bénéficient de nos actions, déjà parmi les plus vulnérables.
En juillet dernier, l’annonce de la suppression totale du Fonds de participation et d’activation sociale (PAS) pour les CPAS, prévue en 2026, a eu l’effet d’un véritable coup de massue. Dès 2025, ce subside a été amputé de 60 %, passant de 19,1 à 11,9 millions d’euros, fragilisant d’emblée son avenir. Décider de l’éteindre complètement en 2026 envoie un signal clair : le gouvernement prive directement les citoyennes et citoyens les plus fragilisé·es, rendant leur accès à la culture et à la vie sociale encore plus difficile. Les associations et les secteurs qui les accompagnent sont, eux aussi, délibérément affaiblis et dévalorisés par ce choix politique.
La ministre de l’Intégration sociale justifie cette décision en réduisant le fonds PAS à un simple outil de « réinsertion professionnelle », hors de ses compétences fédérales. Mais elle ne garantit ni transfert de moyens aux Régions, ni enveloppe équivalente.
Or, depuis plus de vingt ans, le PAS permet bien davantage : il finance des activités sociales et culturelles essentielles pour sortir de l’isolement, retrouver confiance et renouer des liens.
Concrètement, cela signifie pouvoir participer à une animation, à un atelier, à une sortie culturelle ; renouer des liens, rencontrer de nouvelles personnes, briser la solitude.
Ce dispositif n’est donc pas seulement un tremplin vers l’emploi. Il répond avant tout à un droit inaliénable : offrir à tout un chacun la possibilité de prendre part à la vie sociale et culturelle, et de retrouver, à travers ces expériences, un minimum de dignité.
Par ailleurs, la disparition du PAS ne touche pas uniquement les CPAS : elle entraîne un véritable effet domino sur l’action d’Article 27.
Active dans toute la Fédération Wallonie-Bruxelles, notre ASBL est reconnue pour son rôle de démocratisation, de démocratie et de médiation culturelle pour les personnes en situation de pauvreté ou d’exclusion. En lien étroit avec les CPAS, les associations sociales, les institutions culturelles et les collectivités locales, nous développons des dispositifs de participation culturelle adaptés aux réalités de terrain.
Depuis 25 ans, nous travaillons main dans la main avec les CPAS pour garantir un accès effectif à la culture. En 2024, ce sont près de 40 000 tickets qui ont été commandés grâce à ce fonds : une porte ouverte sur un théâtre, un musée, un cinéma, un atelier. Chaque année, ce financement permet aussi à des milliers de personnes d’accéder à des festivals à tarif réduit : rien qu’en 2024, plus de 1 500 personnes ont pu en profiter.
La disparition de ce fonds risque également de fragiliser l’équilibre du travail en réseau que nous avons mis des années à construire pour accompagner au mieux nos publics. Article 27 ne pourrait en effet remplir ses missions sans ses partenaires. Pour chaque ticket Article 27 co-financé via les CPAS, une partie des moyens revient directement aux structures culturelles – lorsqu’il est effectivement utilisé – ou à notre association, afin de financer de nouveaux projets favorisant l’accessibilité culturelle pour toutes et tous.
Cette coupe budgétaire ne menace pas seulement nos dispositifs d’accès à la culture (tickets Article 27, médiations culturelles, actions de démocratisation), mais met aussi en danger les projets socio-culturels que nous menons directement dans les quartiers et au sein des CPAS, au plus près des personnes les plus fragilisées. Environ 70 % de notre travail de médiation et d’éducation permanente est à destination des CPAS et leurs différents services visant l’insertion socioprofessionnelle.
Cette enveloppe permet donc non seulement de soutenir la fréquentation des lieux culturels, mais aussi de financer des projets collectifs réunissant de multiples structures partenaires, où nos publics peuvent y prendre part en toute gratuité. Ne plus pouvoir garantir cela, c’est accroître l’isolement de nos publics et aggraver leur précarité.
Par ailleurs, demain, avec la suppression de cette enveloppe, tout dépendra des finances des communes, de leurs moyens, ainsi que de leurs priorités politiques locales. L’accès à la culture, aux loisirs et à la vie sociale risque donc de devenir une véritable loterie territoriale : selon l’endroit où l’on habite, certaines personnes pourront en bénéficier, d’autres non. Dans des villes comme Liège ou Mons, déjà durement touchées par la précarité, les conséquences seront particulièrement lourdes.
Il n’est alors pas difficile d’imaginer le pas en arrière que signifie la disparition de ce fonds. Les CPAS ne pourront tout simplement plus garantir l’accessibilité culturelle au sens large permise par notre partenariat.
Pour toutes ces raisons, et pour l’ensemble du milieu associatif, ainsi que pour nos publics d’aujourd’hui et de demain, nous prenons la parole. Derrière les chiffres et les enveloppes budgétaires, ce sont des personnes bien réelles qui perdent un soutien vital : en 2025, c’est plus de 180 000 personnes qui bénéficient d’aides du CPAS.
La disparition du PAS n’est pas seulement une ligne budgétaire qui s’efface, mais une nouvelle brèche ouverte dans le droit fondamental à participer à la vie sociale et culturelle, pour des milliers de personnes partout en Belgique.
C’est pourquoi nous demandons au gouvernement et aux responsables politiques :
- Une solution structurelle pour maintenir l’accessibilité culturelle pour toutes et tous, par exemple en garantissant le glissement de l’enveloppe vers les régions et/ou un financement équivalent à celui de la COCOF en région bruxelloise ;
- Le maintien d’un fléchage clair de ces financements vers leurs finalités sociales et culturelles ;
- Une reconnaissance et un financement structurel d’Article 27 pour assurer durablement le rôle de relais entre les publics, les CPAS et les structures culturelles.
Nous refusons que des milliers de familles en situation de pauvreté soient privées de leur droit fondamental à participer à la vie sociale et culturelle. Nous appelons toutes celles et ceux qui partagent cette conviction à relayer ce message, interpeller leurs élu·es et défendre, avec nous, le droit à la culture pour toutes et tous.
Parce que la culture n’est pas un luxe. C’est un droit.
Toute personne a le droit de prendre part librement à la vie culturelle de la communauté, de jouir des arts et de participer au progrès scientifique et aux bienfaits qui en résultent.
– Article 27 de la Déclaration universelle des droits humains
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